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La modestie

In Moeurs on 5 October 2011 at 15:17

Extrait tiré du livre Simples conseils pour jeunes filles sur les petites vertus et petits défauts particuliers à leur âge publié par A.B. Paris. 1877.

Le front couvert d’un voile et le regard baissé,
Sans montrer, sans cacher son front pur et céleste,
Noblement recueillie en sa vertu modeste,
Elle marche en silence.

– Baour-Lormian.

En quoi consiste la modestie?

Dans une grande retenue sur la manière de penser et de parler de soi-même, dans une surveillance sévère et scrupuleuse de nos défauts, pour nous empêcher de nous enorgueillir de nos qualités.

L’enfant vraiment modeste n’étale point ses mérites, elle ne cherche point avec un empressement inquiet l’occasion de les faire valoir en vue des louanges et des applaudissements; elle accepte néanmoins les justes félicitations pour un acte de vertu, mais eu ayant soin de les rapporter à Dieu.

(…)

Fruits de la modestie par rapport aux autres.

1° Elle dispose le prochain à l’indulgence pour vos défauts et vos imperfections : on accorde volontiers une louange méritée aux jeunes filles qui ne paraissent ni la rechercher, ni l’exiger, comme l’on pardonne facilement à celles qui, par l’expression de leurs regards, par le maintien général de leur corps, ne donnent jamais lieu de croire qu’elles prétendent aux hommages ni même aux simples attentions d’autrui.

2° Elle désarme la jalousie, si prompte à prendre ombrage des dons naturels et des vertus qui lui manquent à elle-même et l’irritent, à première vue, dans les personnes à qui Dieu les accorde.

3° Elle vous fait aimer même de compagnes dont la conduite ne ressemble pas à la vôtre, mais qui ne surprennent pas en vous l’envie de vous poser en modèle vivant, en contraste perpétuel avec elles, en protestation: Cela arrive trop souvent aux jeunes filles dont l’air hautain, dont la démarche fière et le ton arrogant signifient : « admirez-moi, imitez-moi; je suis la vertu incarnée, de la plante des pieds au sommet de la tête.»

4° Elle vous préserve de beaucoup de ces rivalités journalières, de ces contestations, de ces piques, etc., sans grande importance en elles-mêmes , mais qui, par leur fréquence, deviennent un sujet de trouble et d’ennui.

5° Elle vous rend indulgentes pour vos compagnes.

6° Elle vous empêche d’être ridiculement exigeante, de vous croire blessée au vif par la plus légère impolitesse, par le plus petit manque de bienveillance. Puisque vous avez le bon esprit de ne pas demander, de ne pas même désirer la première place au jeu, dans les rangs, etc., peu vous importe qu’une autre l’occupe.

7° Elle est la base de toute vraie civilité. Une jeune fille modeste peut ignorer les usages du monde, et ne pas savoir au juste comment il faut placer son couvert à table, etc., etc.; mais je vous assure qu’on lui pardonne facilement son ignorance en ces matières, eu égard à son maintien, à son aimable simplicité.

(…)

Pratique de la modestie.

1° Etudiez-vous, autant que vous pourrez, à n’avoir rien de hardi dans le regard ni dans l’expression générale du visage; que votre air soit à la fois recueilli, doux et affable. Tâchez de vous montrer ainsi avec vos supérieurs, parce que vous leur devez le respect; avec vos égaux, parce que vous leur devez le bon exemple; quand vous êtes seule, parce que Dieu vous voit.

Ne soyez pas modeste en vue de plaire au prochain, ce serait une vanité déguisée, mais pour plaire à Jésus-Christ.

2° La modestie vous oblige à ne pas chercher d’autres ornements que ceux que la bienséance permet. « Ne vous glorifiez pas de votre habit, dit le sage… c’est ridicule.»

Evitez les nouvelles modes qui offensent la pudeur, soit dans vous, soit dans ceux qui vous voient.

3° Soyez bien aise d’être avertie quand vous faites involontairement quelque action contraire à la modestie, etc.

4° Si vous entendez blâmer un manque de modestie dans vos compagnes, remarquez-le pour vous en garder.

5° Ne fréquentez pas les personnes mal réglées dans leur extérieur.

6° Ne cherchez pas à montrer votre esprit, si vous en avez; surtout ne vous en servez pas aux dépens d’autrui.

7° Dérobez-vous aux félicitations même justes.

Religieuses de l'Hôtel Dieu, Québec, 1877.

De l’amitié et des liaisons

In Amitié on 5 October 2011 at 07:28

Extrait tiré du livre Simples conseils pour jeunes filles sur les petites vertus et petits défauts particuliers à leur âge publié par A.B. Paris. 1877.

J’ai entendu souvent des jeunes filles me dire: «A l’école, on nous défend l’amitié ».

Quelle erreur ! Non-seulement on ne vous défend pas l’amitié, ma chère enfant, mais on vous l’ordonne comme un devoir; on vous y invite comme à une vertu excellente à tous égards, comme à la plus belle, à la plus douce des affections divines et humaines.

On vous interdit seulement l’amitié exclusive, aveugle :

1° Parce qu’elle pourrait avoir pour les deux amies des suites funestes que vous ne soupçonnez même pas, faute d’expérience;

2° Parce qu’elle pourrait devenir une cause de jalousie et de haine contre vous de la part de vos compagnes dédaignées, méprisées.

La charité chrétienne veut que vous vous aimiez toutes les unes les autres; mais elle ne condamne pas les sympathies mutuelles.

Si vous aimez dans votre amie une chose mauvaise, votre amitié est mauvaise et vicieuse.

Si vous aimez une chose frivole, comme la beauté, la bonne grâce, votre amitié est frivole.

Si vous aimez une chose bonne, votre amitié est bonne et aimable.

L’amitié doit présenter huit conditions principales :

1° Elle sera fondée sur la vertu, c’est-à-dire que vous aimerez particulièrement (vous voyez  que je vous accorde ce mot auquel vous tenez tant) Marie à cause de sa douceur, de sa piété, de son bon caractère; Jeanne, à cause de sa franchise, etc., etc.

2° Elle tendra à la vertu, l’amitié devant souhaiter et procurer le bien de la personne aimée; or la vertu est le plus grand et le plus  nécessaire de tous les biens.

3° Elle sera conduite par la vertu, c’est-à-dire que la vertu vous servira de règle; vous ne ferez pour Marie, etc., rien qui offense la religion: autrement, votre amitié, vous portant à aimer une créature plus que Dieu et sa loi sainte, serait détestable, et funeste à votre compagne ainsi qu’à vous.

Ne recherchez donc pas les personnes en qui vous ne reconnaîtrez aucune qualité digne d’amour ; surtout fuyez l’amitié des jeunes filles sujettes à quelque vice, s’il s’en trouvait parmi vous; je pense tout le contraire. L’amie des folles, des orgueilleuses, des menteuses, etc., tombe peu à peu dans la folie, l’orgueil, le mensonge, etc. : on veut toujours ressembler à celles qu’on aime.

Quand vous aurez rencontré une vraie, une sainte amitié, ce que je vous souhaite, mon enfant, du fond de mon coeur, croyez avoir le plus précieux des trésors, et, soyez-en persuadée vos maîtresses ne chercheront pas à vous le dérober. Ce qu’elles interdisent avec raison, ce sont ces liaisons où la paresse s’appuie sur la paresse, la vanité sur la vanité, etc. ; car les vices ainsi réunis doublent leurs forces et deviennent très difficiles à guérir, sans parler du scandale qui, donné par deux élèves, nuit plus que s’il venait d’une seule; sans parler du mauvais esprit, des complots, des cabales qui ruinent toute discipline, nécessitent des punitions générales et d’extrêmes sévérités. L’école cesse alors d’être une grande famille.

Famille non identifiée. Collection Perine, Maryland. 1877.

Sur les fonctions du cerveau de la femme

In Santé on 27 September 2011 at 08:02

Extrait tiré du livre Sur l’origine des qualités morales et des facultés intellectuelles de l’homme et sur les conditions de leur manifestation publié par Franz Joseph Gall. Paris. 1822.

On ne peut expliquer que par la différence de l’organisation des deux sexes, comment certaines facultés sont plus énergiques chez l’homme et d’autres chez la femme.

Malebranche faisait dériver du différent degré des fibres du cerveau la différence de la manière de penser et de sentir, qui distingue l’homme de la femme. Les deux sexes ont, chez les hommes et chez les animaux, le même cerveau, et conséquemment les mêmes organes. Mais tel de ces organes est ordinairement plus parfait dans un sexe, et tel organe dans l’autre. Les parties du cerveau situées vers la partie antérieure supérieure du front sont plus petites chez la plupart des femmes; aussi leurs fronts sont-ils en général plus petits et plus courts. Elles ont, au contraire, les parties situées à la région supérieure de l’os occipital beaucoup plus fortement développées. Leur cervelet est communément plus petit que celui des hommes. On peut, en conséquence, poser en principe que, dans les têtes des femmes, conformes à la structure ordinaire, le diamètre du front à l’os occipital est plus grand, et que tous les autres diamètres sont plus petits. Voilà des différences physiques. Or ces différences expliquent parfaitement la supériorité des facultés intellectuelles dans l’homme, et l’énergie plus grande de l’amour des enfans dans la femme, etc. Les deux sexes offrent sans doute un grand nombre d’exceptions qui sont cause que fréquemment les facultés propres à la femme se rencontrent chez l’homme, et vice versâ. Mais tout ce que je dirais ici sur cet objet ne pourrait être bien compris que lorsque j’aurai traité plus particulièrement de chaque organe et des fonctions qui y ont rapport. Alors seulement l’on sera pleinement convaincu que si certains organes sont plus petits dans un sexe, leurs fonctions sont aussi plus faibles; et que si d’autres organes sont plus grands, leurs fonctions se font avec plus d’énergie. On verra que ce n’est pas l’éducation, mais la nature, qui, moyennant une organisation variée, a assigné à chaque sexe sa sphère particulière d’activité morale et intellectuelle.

Dessin de Jacques-Pierre Maygnier (1822), d'un médecin examinant l'abdomen d'une femme, avec procédure de «compromis», dans laquelle le médecin se met à genoux devant la femme, mais ne peut pas regarder ses organes génitaux.

Causes de la prostitution tenant à la situation particulière de la famille

In Moeurs on 26 September 2011 at 07:24

Extrait tiré du livre La Prostitution clandestine à Paris publié par le Docteur O. Commenge. Paris. 1904.

La jeune fille qui vit dans un milieu honnête, qui n’a sous les yeux que l’exemple du travail régulier et de la moralité la plus grande, a toutes les chances de rester vertueuse, à moins de circonstances extraordinaires. Si on vit dans une famille d’honnêtes gens, on s’imprègne du milieu dans lequel on est élevé; on a le sentiment de la pudeur et de la dignité personnelle. La mère de famille, jalouse d’inculquer de bons sentiments à ses enfants, saura éloigner de sa fille les causes  de dépravation que l’on rencontre si souvent dans les grandes villes

(…)

Dans les cas de remariage, comme dans les cas de concubinage, l’existence de la jeune fille subira un contre-coup funeste.

Lorsque le père est remarié, la marâtre n’est pas toujours tendre pour l’enfant de son mari. La pauvre fille, souvent rudoyée, accablée de besogne, mal nourrie, quelquefois battue, se lasse insensiblement de la situation qui lui est faite; elle quitte le toit paternel pour chercher ailleurs plus de tendresse; mais, trop souvent, elle est réduite, manquant de ressources, à se livrer à la prostitution. Si le père vit en concubinage, il arrivera, presque toujours, que sa maîtresse sera encore plus mauvaise pour la jeune fille qu’une marâtre; le séjour à la maison paternelle devient intolérable et, pour échapper aux mauvais traitements, la jeune fille disparaît; elle devient une recrue de la prostitution clandestine.

Si la mère est remariée ou si elle vit en concubinage, la situation de la jeune fille est encore plus triste. Bien souvent le mari ou l’amant de la mère sollicite les faveurs de la jeune fille; elle est l’objet d’obsessions constantes ou de sévices lorsqu’elle repousse les avances qui lui sont faites; elle est témoin des discussions violentes qui se produisent entre sa mère et le nouveau mari ou l’amant et, lorsque la réconciliation se fait, elle assiste à des scènes d’un réalisme cynique, peu propres à élever ses sentiments; progressivement son esprit se pervertit, elle perd toute notion de pudeur et d’honnêteté; elle quitte sans regret le domicile maternel et se lance dans la prostitution clandestine.

Famille Gordon et Lizzie McIvor, Saskatchewan, 1904

L’influence de la copulation pendant la grossesse

In Maternité, Santé on 25 September 2011 at 10:52

Extrait tiré de la thèse pour le doctorat en médecine, De l’influence de la copulation pendant la grossesse présentée et soutenue par Henri Brenot. Paris. 1876.

1 Les rapports sexuels sont dangereux à toute époque de la grossesse; ils provoquent très fréquemment l’accouchement prématuré et l’avortement;

2 Ils sont plus dangereux chez les primipares que chez les multipares; ces dernières, malgré leur multiparité, n’en sont pas moins fort exposées à l’expulsion prématurée du fruit de conception;

3 Le danger est d’autant plus grand que le placenta est inséré plus bas sur la paroi utérine;

4 L’accouchement prématuré et l’avortement pouvant se produire à toute époque de la grossesse, sous l’influence d’un rapport sexuel, sans que dans la grande majorité des cas on puisse prévoir cette catastrophe, toute femme qui se sait enceinte doit s’abstenir de tout rapport sexuel pendant toute la durée de la grossesse.

Si ce conseil, qu’il serait désirable de voir mettre en pratique, sans exceptions, n’est pas suivi rigoureusement, nous ne pouvons allors mieux faire que rappeler cette phrase du professeur Pajot:

«Maintenant que vos voeux sont exaucés, ne les poussez pas trop loin.»

Qu’avons-nous fait dans cette thèse? Nous avons rajeuni une phrase de Soranus d’Éphèse, vieille de 19 siècles:

«Les rapprochements sexuels sont nuisibles aux femmes enceintes dans tous les temps, à cause des mouvements que l’utérus subit, et qui sont dangereux pendant tout le temps de la grossesse; il faut s’en abstenir surtout pendant les derniers mois, de peur de léser le chorion qui contient le liquide si utile à l’accouchement.»

Marie-Françoise-Thérèse Martin (Sainte Thérèse de Lisieux) Alençon, 1876.


Rapports sexuels, effets sur le caractère de la femme

In Sexualité on 24 September 2011 at 13:19

Extrait tiré du livre Mariage et hygiène publié par le Docteur Fauconney. Paris. 1912.

Le coït pratiqué contre les règles naturelles a des effets nuisibles différents chez l’homme et chez la femme; cette dernière est excitée, le système nerveux et indirectement la circulation du sang en souffrent; l’homme par contre ressent un abattement qui agit sur les fonctions de la digestion. Tous deux changent considérablement sans savoir au juste pourquoi, et comme ils ne peuvent pas se rendre un compte exact de ce qui se passe, ils croient à une déception, ils se plaignent du choix malheureux qu’ils ont fait, puis viennent les reproches injustes, la jalousie et tout le cortège de misères d’une union malheureuse.

Les changements de caractères les plus extraordinaires ne doivent pas le moins du monde surprendre de la part d’une femme en contradiction avec ses sentiments naturels, car on peut dire qu’elle est capable de tout. La jeune fille la plus douce deviendra une furie, celle qui ne connaissait pas la tristesse passera ses journées à pleurer, alors qu’elle croyait faire un brillant mariage; la plus intelligente et la plus sensée finira par l’idiotisme ou la démence. Le caractère de la plus grande partie des méchante femmes s’expliquerait sans doute par l’observation des conditions dans lesquelles elles ont vécu.

Presque toutes ces transformations n’étant qu’une suite de l’abus du coït, il ne faut les apprécier et les traiter qu’à ce point de vue; il faut autant que possible supprimer la cause; c’est ce qui se fait, par exemple, pendant les cures de bains et les voyages d’agrément où le mari est empêché d’accompagner sa femme; la cause de l’état maladif manquant, le résultat est généralement excellent.

Suffragettes, New York, 1912

Valeur du travail de la femme à la maison

In Profession, Tâches domestiques on 21 September 2011 at 10:02

Extrait tiré du livre La femme de foyer: éducation ménagère des jeunes filles publié par Alphonse Piffault. C. Delagrave, éditeur. Paris. 1908. 

Considérons la valeur des salaires féminins. Sauf exceptions, elle est, en province, dans l’usine ou à l’atelier, inférieure à 2 fr. par jour. Dans le travail domestique au dehors, elle est voisine de 1 fr., parfois de 1 fr. 50. Le travail à domicile rapporte quotidiennement 1 fr. ou 1 fr. 25 parfois de 0 fr. 50 à 0 fr. 70, ou moins encore. En sorte que l’on peut estimer le gain mensuel de la mère inférieur à 50 fr., parfois même à 15 fr. Or, ce salaire est le produit d’un travail quotidien de neuf à onze heures, quelquefois de douze à quatorze heures. Dès lors, que peut faire pour la maison un femme qui a fourni un travail étranger, absorbant et pénible, qui, normalement, suffirait seul à ses forces?

La préparation des repas se fait à la hâte. La ménagère ne peut donner aux siens ces bonnes soupes à longue cuisson, où aucun élément n’est perdu. Elle peut toujours utiliser convenablement les restes. Elle doit avoir recours au charcutier, au tripier, à l’épicier, au marchand de légumes cuits. La qualité de l’alimentation reste inférieure. Et l’on peut affirmer, sans exagération, que la dépense croît au point, dans quelques cas, de doubler. D’autre part, le linge, trop rapidement et incomplètement blanchi, est plus vite sali. La ménagère, pressée par le temps, doit employer la brosse dure ou des substances qui hâtent l’usure des tissus. Les vêtements, mal surveillés et peu soignés, se défraîchissent et s’usent plus vite. Le ménage est fait rapidement. La maison est moins agréable. Elle attire moins le père, qui va souvent chercher au cabaret un confort qu’il ne trouve point chez lui. La mère, surmenée, donne le jour à des enfants débiles, difficiles à élever. Sa santé s’altère, parfois celle des siens. Le chômage survient. Et ainsi se trouvent considérablement accrues des dépenses qu’un travail régulier dans la maison aurait réduites ou peut-être évitées. Faut-il enfin rappeler le foyer détruit, les enfants délaissés, parfois livrés à la rue, l’unité de la famille compromise, les peines et les chagrins divers qui échappent à toute évaluation?

En résumé donc, la femme exclusivement ménagère apporte d’ordinaire au budget familial plus que ne lui apporte la femme ouvrière.

Usine à sueur, New York, 1908

 

L’infidélité: une humiliation qu’il faut savoir pardonner

In Mariage on 4 September 2011 at 10:35

Extrait tiré du livre Séduire: comment trouver un homme et le garder publié par Jean Côté. Montréal. 1980. De la collection de Thérèse.

A la loterie du mariage, on n’a pas toujours le numéro gagnant. Lorsque les rapports deviennent rendus, que la communication est à peu près inexistante, la route de l’infidélité est toute tracée.

(…)

Quelle doit être l’attitude d’une femme qui découvre que son mari la trompe? Nous avons cru bon de demander la «recette» à une très chère et très intelligente amie, familiarisée avec les fredaines de son mari.

«Si votre conjoint a une aventure passagère, ne cassez rien. Montrez-vous détachée, bien au-dessus de ces petites peccadilles, et il n’en sera que plus mortifié dans son orgueil de mâle», explique-t-elle.

«Ne tolérez pas les liaisons suivies. Si elles se poursuivent malgré tout, montrez-vous plus coquette que jamais. S’il est un tantinet observateur, il s’inquiétera, se demandera ce qui se passe. Son désir sera de nouveau attisé, mais accordez-lui vos faveurs avec réticence. C’est fou ce que les hommes, présumément peu compliqués, se mettent à chérir ce qu’ils ont peur de perdre. L’instinct de possession reprend le dessus et vous devriez, sans trop de mal, jusqu’à la prochaine alerte, reprendre la situation en main.»

«Vous pourrez aussi lui dire, avec un calme affecté, que vous ne voyez pas d’inconvénient à ce qu’il cherche ailleurs ses petites satisfactions. De votre côté, vous songez à meubler votre vie affective. Cette mise au point suscitera de sa part un certain nombre de questions angoissées, car il se dira qu’il est peut-être allé trop loin.»

«Au moment où il vous a rencontrée, il est possible qu’il ait cru que les questions matérielles vous laisseraient indifférente. Aucune femme n’est parfaitement désintéressée. Faites le compte des déboires que pourrait vous occasionner un départ, même si vous êtes furieusement décidée à ne pas bouger.»

«Il y a une rivale; ne lui cédez rien. Interrogez-vous. Sur quel plan vous bat-elle? Est-elle plus charmante dans l’intimité que vous ne l’êtes? Ses talents culinaires sont-ils supérieurs aux vôtres? S’exprime-t-elle sexuellement avec plus de brio? Vous seriez peut-être surprise d’apprendre que votre compagnon est lié passagèrement avec une fille que ne vous va pas à la cheville. Vous vous sentirez humiliée. Ne perdez pas votre sang-froid. Il vous faut revoir votre stratégie globale. Si plus rien ne réussit et si tous vos efforts coulent à pic, c’est vraiment qu’il n’y a plus rien. Mais préparez-vous à jouer le grand jeu avec toute la finesse dont vous êtes capable. Ayez confiance en vous! Souvenez-vous que, quelques années plus tôt, vous avez sans doute vaincu une rivale que vous n’aviez jamais vue.»

Betty Friedan 27 janvier 1980 lors d'une conférence sur la famille organisée par le gouverneur de NY. (Photographe: Marilyn K. Yee/New York Times Co./Getty Images)

Ce qu’en disait Napoléon

In Statut légal on 3 September 2011 at 12:06

Citation de Napoléon Bonaparte, tirée du livre Mémorial de Sainte-Hélène: Journal de la vie privée et des conversations de l’Empereur Napoléon. Tome II, quatrième partie publié par Emmanuel-Auguste-Dieudonné Las Cases (comte de). Témoignage recueilli en 1816. Publié en 1823.

Vous prétendriez à l’égalité? Mais c’est folie: la femme est notre propriété, nous ne sommes pas la sienne; car elle nous donne des enfans, et l’homme ne lui en donne pas. Elle est donc sa propriété comme l’arbre à fruit est celle du jardinier. Si l’homme fait une infidélité à sa femme, qu’il lui en fasse l’aveu, s’en repente, il n’en demeure plus de traces; la femme se fâche, pardonne, ou se raccommode, et encore y gagne-t-elle parfois. Il ne saurait en être ainsi de l’infidélité de la femme: elle aurait beau l’avouer, s’en repentir: qui garantit qu’il n’en demeurera rien? Le mal est irréparable, aussi ne doit-elle, ne peut-elle jamais en convenir. Il n’y a donc, Mesdames, et vous devez en convenir, que le manque de jugement, des idées communes et le défaut d’éducation qui puisse  porter une femme à se croire en tout l’égale de son mari. Il n’y a, du reste, rien de déshonorant dans la différence; chacun a ses propriétés et ses obligations: vos propriétés, Mesdames, sont la beauté, les grâces, la séduction; vos obligation, la dépendance et la soumission, etc. etc.

Le Divorce de Napoléon. Artiste: Eleuterio Pagliano (1878)

La femme en politique

In Moeurs, Profession on 30 August 2011 at 18:34

Extrait d’une lettre signée René Lévesque, tiré du livre Le guide de la Québécoise: tome 1 publié aux Éditions l’héritage. Saint-Lambert. 1976. De la collection de Thérèse.

Au Québec, il n’y a qu’une femme député à l’Assemblée nationale.

Or, la politique embrasse tout l’activité humaine. Les gouvernements sont de plus en plus présents dans nos vies quotidiennes. (…) La politique est trop importante aujourd’hui pourrait-on dire, pour la laisser uniquement aux hommes.

Pourquoi retrouve-t-on si peu de femmes à des postes politiques importants dans notre régime dit démocratique, progressiste et avancé? Il semble que ce soit avant tout pour des raisons tenant aux mentalités et aux valeurs que véhicule notre société.

Dès leur plus bas âge, dans la famille, puis à l’école, on apprend aux enfants des rôles différents selon leur sexe. La future jeune fille sera confinée à la maison, élèvera des enfants, pourvoira aux tâches domestiques. Au futur jeune homme, on réserve le travail à l’extérieur, la carrière, les responsabilités importantes. Toute notre structure sociale traditionnelle tourne d’ailleurs autour de la notion du mâle, chef de famille, chef des entreprises économiques, chef religieux et bien sûr, chef de la nation.

La gent féminine accepte de moins en moins cette allocation injuste et discriminatoire des rôles qui confie à l’homme, et à l’homme seulement, les décisions importantes affectant l’ensemble de la société.

Si un changement de mentalité s’impose pour que la femme accède vraiment au monde de la politique, elle doit aussi modifier son attitude envers la chose publique. Elle doit s’y intéresser, se renseigner, y participer activement. (…) Les dépenses des gouvernements, financées à même nos impôts, ne comblent pas nos véritables besoins. A nous d’y voir tous ensemble, femmes comme hommes. Nous sommes tous citoyens et citoyennes du même pays.

Dans un contexte où, jusqu’à nouvel ordre, les changements collectifs sont encore trop exclusivement décidés par la moitié masculine de l’espèce, il est donc de la plus haute importance que les hommes comprennent aussi (de leur mieux!) que la qualité réelle de notre vie démocratique dépend en grande partie de la participation des femmes à la politique. Peut-être celle-ci sera-t-elle alors plus humaine.

Cinq femmes au Duke University Union circa 1976: Denise Creech, Union President 1975/76; Mary Mard, Freewater Film; Lynn Harmonay, Program council; Goldie Evans, bookeeper; Barbara Hall, Union President, 1976/77

 

 

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