Extrait du livre Tenir Maison publié par Françoise Gaudet-Smet. Ottawa, Les Éditions de l’homme, 1968. De la collection de Thérèse.
Il est obligatoire de déterminer avec intelligence la place du téléphone dans une maison; de prévoir d’office un bloc-notes et un crayon attaché solidement à proximité, de sorte que personne ne dise jamais à personne: “At-ten-dez-que-j’aille-chercher un papier et un crayon”. La vie est courte et le temps perdu ne se retrouve jamais.
On ne doit jamais appeler ses amis à l’heure des repas, et encore moins au moment de leur préparation. Rater une sauce, une soupe, un bifteck, retrouver des mets carbonisés, et se croire dans l’obligation de dire: “Mais non, tu ne me déranges pas”, cela complique l’existence bien inutilement. Et les enfants commencent très jeunes à trouver que les grandes personnes sont menteuses.
Les conversations téléphoniques prolongées sont souvent le plus grand ennemi d’une maîtresse de maison. Trop de confidences indues sont multipliées à la faveur de la facilité à se laisser aller au verbiage. Une perte de temps considérable s’ensuit en même temps qu’un éparpillement de mots inutiles.
Le sablier qui sert à mesurer le temps de cuisson des oeufs bouillis pourrait avoir un frère jumeau près du téléphone. Essayez voir … Laissez couler le sable au début d’une conversation. Cinq minutes? Il faudrait que ce soit d’une importance capitale. Si le sujet est insignifiant, qu’il couvre dix minutes de blablabla, c’est comme un oeuf cuit trop dur: impossible à digérer, et fatal pour la santé physique ou mentale.
Mesurer les mots … et les discours. “L’artiste se révèle dans la limite,” disait Goethe.