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La rupture du lien

In Mariage, Moeurs, Statut légal on 15 October 2011 at 19:43

Extrait tiré du livre Philosophie familiale publié par Jean-Baptiste Gauvin, L.Ph., D.Th. Montréal. 1959. De la collection de Thérèse.

Il y a des mariages qui aboutissent en fait au malheur des époux et qui nuisent à la bonne éducation des enfants. Tout en admettant l’indissolubilité du mariage comme loi générale, n’y aurait-il pas lieu d’admettre le divorce pour certains cas malheureux et d’accorder à certains époux le bonheur auquel ils ont droit?

Réponse — 1) Le droit de l’homme au bonheur terrestre n’est pas un droit absolu, inconditionné. L’homme a le droit de chercher le bonheur ici-bas, mais dans le cadre des institutions nécessaires au développement du genre humain.

La famille est l’une de ces institutions. Elle doit être organisée selon la formule la plus favorable au bien de l’enfant et des époux, soit selon la loi de l’indissoluble unité.

2) La question importante n’est pas de savoir si tous les individus humains trouveront le bonheur parfait dans la vie conjugale, mais de savoir si le mariage indissoluble est la forme la plus favorable au bien de l’humanité. Trouver d’ailleurs une forme d’organisation sociale capable de rendre automatiquement tous les hommes heureux est une utopie.

3) Le régime du divorce n’est pas une solution au problème de la vie conjugale. En fait, le régime du divorce n’a pas supprimé les malheurs du foyer. Loin de là: le divorce a contribué à ruiner l’œuvre de la famille; la fécondité a diminué en proportion des divorces; les querelles de ménage ont augmenté; l’adultère s’est multiplié et les actes de violence contre le conjoint n’ont fait que s’accroître. Le remède qu’on proposait a entraîné des maux plus graves que celui qu’il prétendait guérir.

4) Sans doute, là où il n’y a pas de divorce possible, le bonheur et la paix ne sont pas le lot de tous les ménages. Mais, en règle générale, l’on s’engage dans la voie du mariage avec plus de sérieux et de réflexion, on accepte plus facilement les souffrances de la vie commune, on exerce sur ses sentiments un contrôle qui diminue les drames de la vie conjugale.

Il reste que certains foyers présentent le spectacle d’un échec total sur le plan de l’amour humain. Pourquoi dès lors ces malheureuses victimes sont-elles condamnées à subir jusqu’à la mort le poids des chaînes qui les attachent à un être qu’elles ne peuvent aimer et dont elles ne reçoivent pas de tendresse?

C’est que le bien commun de l’humanité, fin première de la famille, doit être préféré au bien individuel.

(…)

Bref, l’indissolubilité offre plus d’avantages que d’inconvénients. Quand l’amour existe entre les époux, elle le protège et contribue à sa purification. Si par hasard, l’amour des époux fait défaut, l’on sauve du moins la société conjugale.

Barbara and Russell Neff, le 17 août 1959. Le couple a fêté 50 ans de mariage en 2009.

  1. Discours typique d’un docteur en théologie de l’époque. Le christianisme est fondé sur l’idée première du sacrifice. Je préfère de loin la philosophie bouddhiste pour laquelle le bonheur collectif est fondé sur l’addition de tous les bonheurs individuels, la seule loi étant celle des causes et des effets. Selon cette philosophie, le meilleur acte possible est celui qui crée le moins de souffrance sur Terre — peu importe qu’il s’agisse de souffrance individuelle ou collective. Une éthique de la conscience, donc, plutôt que du sacrifice.

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