Extrait tiré du livre Visages de la politesse publié par Thérèse Thériault. Montréal et Paris. 1961. De la collection de Thérèse.
Savoir coudre n’est pas un luxe pour une femme, c’est une nécessité. La jeune fille autant que l’épouse et la mère, la religieuse ou la professionnelle n’échappent pas à cette nécessité.
Ce travail manuel n’a rien d’humiliant, il ne diminue aucunement la personnalité; au contraire, il l’enrichit. La jeune fille ou la femme qui croit afficher sa supériorité en affirmant qu’elle ne peut s’intéresser aux travaux de l’aiguille parce que seuls les problèmes de l’esprit la préoccupent se décerne elle-même un brevet d’infériorité. On ne peut se dire vraiment femme, et femme supérieure par surcroît, sans posséder les qualités propres à son sexe.
Les magasins offrent en vente du «tout fait» pour convenir à tous les goûts, comme à toutes les bourses. Ainsi, les personnes qui acceptent d’être habillées «en séries» n’ont d’autres soucis que de choisir et de payer. Malheureusement, le coût élevé de la confection les oblige souvent à sacrifier, en faveur du prix, la qualité des tissus et de la coupe.
Un peu d’habileté à manier l’aiguille leur permettrait, non pas d’exceller dans la haute couture, mais d’exécuter les modestes travaux de reprisage, de remodelage et de couture qui représentent une économie appréciable pour un budget.
Celles qui confectionnent elles-mêmes leurs vêtements ont l’avantage de porter des modèles exclusifs. N’est-il pas agréable de dire aux amis qui vous félicitent d’une toilette particulièrement réussie: «ma robe vient de mon atelier… pourquoi pas» ! La couturière éprouve alors un vif sentiment de fierté.