Extrait tiré du livre Les Annales politiques et littéraires, tome quatre-vingt-cinquième. Article de Victor Forbin. Paris: Rédaction et Administration, 1925.
D’après une statistique que je recueille dans une publication de Boston, le nombre des femmes américaines affiliées à un club quelconque (politique, littéraire, sportif ou simplement mondain) représenterait 62,4 pour cent de la population féminine des Etats-Unis.
La proportion de nos clubistes et cercleuses de France n’est pas près d’atteindre un chiffre aussi impressionnant. Mais il faut toujours se méfier des statistiques et se demander, avant tout, ce qu’elles signifient exactement.
Or, celle que nous venons de citer ne signifie pas que les deux tiers de la population féminine américaine passent leurs soirées dans un local où les cartes et le mah-jong leur feraient oublier le foyer maternel ou conjugal. Et cette remarque me fournit l’occasion d’expliquer que les Américains applique le terme «club» à des associations qui n’ont aucun rapport avec le «cercle».
Je ne citerai qu’un seul cas, à titre d’exemple. Il n’est point de ville américaine où ne fonctionnent plusieurs Christmas Clubs, dont les membres versent chaque semaine, entre les mains du trésorier, une cotisation déterminée.
Quelques jours avant la Noël, les fonds ainsi réunis sont partagés entre les adhérents, qui les emploient à l’achat de provisions qui leur permettront de célébrer dignement, en famille, la grande fête religieuse … et gastronomique.
D’autres clubs fonctionnent de même façon pour couvrir les frais d’une villégiature annuelle, et la même explication peut s’appliquer à toutes les associations de ce genre: n’ayant pas l’esprit d’économie, les Américains prennent sagement leurs précautions pour n’être pas pris au dépourvu, si bien que de pareils clubs devraient plutôt être appelés des … tirelires!
Mais revenons à notre pays et à nos photographies, gracieux documents que nous avons promis de publier sans en préciser l’origine. Qu’il nous suffise de dire qu’ils nous font pénétrer dans un véritable club de jeunes filles qui poursuivent en commun la pratique de sports exclusivement féminins, en ce sens que les brutalités du football et autres exercices d’endurance sont exclus du programme.
Sous la direction de monitrices volontaires, les débutantes apprennent la façon correcte de tenir la raquette de tennis et le club de golf. Dans l’éducation d’une sportive, les premiers gestes sont d’une importance quasi tragique, car un mauvais début peut valoir une petite déception d’amour-propre qui se traduira par un gros découragement. Une bonne monitrice doit donc ménager l’enthousiasme sportif de ses élèves en les préparant aux épreuves futures par un entraînement progressif et rationnel. En outre, elle commettrait une grave erreur si elle n’imposait pas à ses élèves certains exercices d’assouplissement. Les adhérentes du gracieux club qui nous occupe ici apprennent à bondir par-dessus une corde tendue, simple exercice que beaucoup de ferventes de la raquette ont le tort de mépriser. Que de défaites sont attribuables à une insuffisance de légèreté dans le saut en hauteur, quand le coup décisif rate la balle sur un écart de quelques centimètres!
– Victor Forbin.