Extrait tiré du livre “Connaissance de l’amour” publié par Marcelle Auclair. Paris. 1960.
Une femme doit tout faire pour donner à son mari un foyer agréable, non pas agréable à sa manière à elle, mais à sa manière a lui. Aime-t-il recevoir? Mettez-vous en quatre pour le faire, même si cela vous donne beaucoup de mal, même si vous n’aimez pas énormement ce continuel va-et-vient. Prefère-t-il la vie de famille, le tête-à-tête et, après une journée d’affaires mouvementée, un peu de solitude et de silence? Organisez votre existence de manière à lui donner des heures de paix. Dites-vous que, lorsqu’on parle d’un “attachement”, ce mot n’est pas seulement une figure de rhétorique. Mais sachez aussi que cet attachement ne provient pas d’une seule grosse corde jetée une fois pour toutes autour du cou d’un pauvre homme. L’attachement est fait de mille liens dont chacun est fragile, mais dont l’ensemble forme un filet d’une extraordinaire solidité: chacune des attentions dont vous entourez votre mari devient une habitude, un besoin.
Si vous l’aimez, si vous tenez à lui, ne vous plaignez pas de ce qu’il lui soit impossible de faire sa valise tout seul, et de ce que le tabac de sa pipe n’ait pas le même goût lorsque ce n’est pas vous qui le lui avez mis sous la main. Ce sont, pour vous, de menues servitudes, mais ce n’est qu’en étant soi-meme fidelement attachée que l’on s’attache un être.
Soyez gentille, aussi gentille que possible. Soyez aux petits soins pour lui, faites-lui ses plats préférés, veillez à ce qu’il n’ait pas à chercher ses lames de rasoir, ne mettez pas ce que vous appelez de l’ordre sur son bureau, souhaitez-lui sa fête et son anniversaire, ne le faites pas attendre lorque vous sortez ensemble, ne l’ennuyez pas avec vos histoires menagères, passionnez-vous avez lui pour la mécanique, et n’achetez pas ses cravates.
Soyez gentille, mais jamais servile. Il y a une nuance. Qu’il sente bien que vous êtes ainsi parce que vous le voulez. Mais tout change à partir de l’instant où il se met à exiger ce que vous faites de bon gré. Ne soyez jamais la dame à qui son mari ose dire, lorsque l’un et l’autre sont assis dans un fauteuil: “Cherche mes lunettes, je ne sais pas où je les ai fourrées” Le jour ou vous admettez ce ton, ce genre d’ordre, vous êtes perdue.